Afshine et Shervine Amidi sont actuellement en deuxième année du cursus ingénieur centralien de l'École. Un de leurs points communs ? Leur intérêt pour le monde de la data science.*

CentraleSupélec (CS) : Peu après votre arrivée à l'École, le monde de la data science et du machine learning attire tout particulièrement votre attention. Qu'est-ce qui vous a conduit à vous intéresser à ce domaine ?

Shervine Amidi (SA) : Le cursus centralien nous ouvre l'esprit à beaucoup de situations auquel un ingénieur peut être confronté. En mettant un accent fort sur les mathématiques, la finance ou encore les sciences de l'ingénieur, on couvre un vaste champ de domaines dans lesquels on peut monter très rapidement en compétence si l'on souhaite s'y spécialiser. C'est cette formation généraliste très exigeante qui nous a permis de gagner en maturité pour cerner les domaines qui nous attiraient le plus.

Afshine Amidi (AA) : Le tournant a été en fin de première année, lorsque nous avons suivi l'électif de statistiques avancées enseigné par Pr. Gilles Faÿ . Cet électif nous a ouvert les yeux sur cette branche des mathématiques et nous a donné envie de continuer dans cette voie. L'un des aspects de la data science qui me fascine est qu'à l'aide de résultats mathématiques établis en amont, on a réussi à construire des techniques très puissantes répondant aux nouvelles questions que l'ingénieur d'aujourd'hui se pose.

CS : Que vous apporte l'École dans ce domaine ?

AA : À CentraleSupélec, les élèves attirés par la data science peuvent s'orienter vers cette direction dès la fin de la première année en approfondissant les acquis du socle commun de mathématiques par des électifs tels que les statistiques avancées, les probabilités avancées, ou le cours d'introduction au machine learning. Ils peuvent ainsi avoir un premier aperçu théorique de ce à quoi ils peuvent s'attendre.

SA : Notre motivation nous a menés dès le début de cette année à avoir l'opportunité d'effectuer un projet de recherche dans ce domaine. Nous sommes encadrés par des professeurs et chercheurs mondialement reconnus tels que Pr. Nikos Paragios et Dr. Evangelia I. Zacharaki , qui sont pour nous une véritable source d'inspiration. En mettant d'emblée la barre très haut, nous sommes constamment poussés à rechercher l'excellence dans ce que l'on entreprend.

CS : En quoi consiste votre projet de recherche ?

SA : Au cours du projet de recherche que nous menons avec le laboratoire Centre de vision numérique de l’Ecole, Afshine et moi appliquons des techniques de machine learning dans l'optique de répondre à des problématiques appliquées au domaine de la biologie. À partir d'un jeu de données d'enzymes de très grande dimension et à l'aide de techniques de machine learning, l'un de nos buts est de faire le lien entre les attributs des enzymes et le type de réaction chimique dans lequel elles interviennent. À terme, notre travail a pour but de permettre aux biologistes de prédire de manière rapide et précise les fonctions que peut avoir n'importe quelle enzyme inconnue.

En plus de nous passionner, le travail que nous menons nous a d'ores et déjà conduits à publier notre premier article scientifique à l'occasion d'une conférence internationale de bio-informatique.

AA : J'apprécie tout particulièrement la dimension interdisciplinaire que notre projet de machine learning revêtit. On peut ainsi lier ce que l'on fait en maths avec des domaines auxquels on n'avait pas pensé a priori. Ainsi, le raisonnement que nous sommes en train de mener aujourd'hui pour répondre à une problématique du domaine de la biologie peut être mené de manière analogue pour répondre à une problématique de n'importe quelle autre discipline.

CS : Quels sont vos projets pour la suite ?

SA : À l'issue de ces deux années passées à l'École, je vais effectuer une césure pour travailler en entreprise dans le domaine de la data science. Bien que très techniques, les raisonnements que j'ai été amené à mener jusqu'à présent dans le cadre de mon projet de recherche sont transposables à tout autre domaine. C'est ce type d'application que j'ai hâte de découvrir l'an prochain.

AA : Pour ma part, je partirai l’an prochain en double-diplôme au MIT pour effectuer un master focalisé sur la data science qui approfondira les bases que j’ai reçues au cours du cursus ingénieur Centrale Paris.

* Lire sur Facebook la première partie de l’interview.